La politique des bidules en Région bruxelloise et l’absence de vision des politiques

Banc Public n° 250 , Septembre 2016 , Christophe Magdalijns



Le 29 juillet 2016, nous apprenions par voie de presse que deux députés socialistes bruxellois, Philippe Close et Isabelle Émery, ont cru bon de déposer une proposition de résolution auprès du parlement régional afin de créer un nouveau service immobilier commercial public. Prolifération institutionnelle quand tu nous tiens!

 

L'objectif recherché est de diversifier les commerces dans les zones où l'offre se limite à un certain type de magasins. Il semble bien que le petit kébab du coin ou le magasin de nuit soient devenus indésirables. Inutile d'édulcorer les choses, les responsables locaux, comme apparemment les députés régionaux, ne sont pas friands de ces magasins aux vitrines en forme de stocks à ciel ouvert, même si beaucoup sont contents de les trouver quand on a un petit creux ou besoin d'un dépannage de dernière minute.

 

Pourtant, ces commerces ne s'installent pas çà et là par hasard. Les députés l'ont rappelé, le petit commerce s'est réduit de moitié. Et s'ils ajoutent que le commerce de proximité crée un tissu urbain et harmonieux, ils oublient totalement les ressorts économiques qui ont abouti aux réalités actuelles et aux modifications profondes du commerce bruxellois.

 

Muni d'un "logiciel politique suranné", teinté d'un dirigisme certain, nos députés s'imaginent que configurer l'offre en surface commerciale de petite taille sera déterminant pour créer le commerce de qualité. Cela pourrait être vrai s'il s'agissait de requalifier un axe commercial ou un quartier tout entier, mais rien ne se perd et rien ne se gagne ou presque avec un taux de croissance économique oscillant entre 1 et 2% du PIB.

 

Croire que le stock de petites surfaces commerciales de qualité va augmenter significativement à Bruxelles est absurde. C'est d'autant plus illusoire que les collègues de Philippe Close et Isabelle Emmery s'acharnent à créer des grands centres commerciaux comme Néo et œuvrent, à juste titre mais avec des fortunes diverses, à l'amélioration des grands noyaux commerciaux.

 

Nous ne parlerions pas des mêmes commerçants? Et bien si justement, la librairie, le quincaillier, le blanchisseur, le cordonnier ou le petit magasin de prêt-à-porter crèvent tous face à la concurrence des chaînes internationales de magasins et des grands distributeurs. Ce rapport de forces est perdu et les magasins de nuit ou kébabs ne sont que des rescapés qui trouvent à s'implanter là où le vide s'est créé.

 

Les deux députés en question devraient le savoir depuis le temps qu'ils disent s'intéresser à la ville. Celle-ci évolue et il revient aux pouvoirs publics d'accompagner le changement et de promouvoir l'innovation, pas de résister à des tendances économiques lourdes par la création d'un nouveau bidule institutionnel qui ne fera que mobiliser des ressources publiques supplémentaires. N'ajoutons pas de la complexité à l'usine à gaz bruxelloise qui compte déjà une multitude d'acteurs publics touchant de près ou de loin à la question: Impulse, Atrium, Citydev (ex-SDRB- Société de Développement régional de Bruxelles), les communes et j'en passe. Tous sont déjà à pied d'œuvre pour stimuler l'économie et le commerce bruxellois. De plus, Atrium et les communes scellent des partenariats visant à stimuler le commerce local. Nos deux édiles l'ignorent-ils? Les moyens sont donc là, inutile d'en créer de nouveaux au détriment d'une autre mission d'intérêt général. Et si nos députés ont un souci avec les kébabs ou les commerces de nuit, qu'ils s'intéressent à la façon d'en contrôler le caractère licite et d'en améliorer l'intégration dans le tissu urbain.

 

En résumé, leur proposition de résolution n'est qu'un ballon d'essai sans vision, peu réfléchi et qui blesse les principes élémentaires de bonne gestion publique. Voilà à quoi nous mène le nombre pléthorique de députés régionaux bruxellois guettés par l'ennui et tous désireux d'exister sur le plan médiatique.


Christophe Magdalijns

     
 

Biblio, sources...

 
     

     
 
Société

Analyse et critique de la loi modifiant le Code pEnal en ce qui concerne le droit pEnal « sexuel » approuvée à la chambre le 17 mars 2022 (II)
Terre des pandémies
NEUROPSYCHIATRIE, HUMANITÉ et SOCIÉTÉ
Pandécratie
De l'identité (flamande)
Facettes flamandes
Premier Parallèle
Dressage scolaire
Couleurs de voiture
CHEVEUX BLANCS?
2e GUERRE MONDIALE :la peur des survivants
IL EST MIDI À 14 HEURES!
L'INTELLIGENCE DES EXPERIMENTATEURS
BINÔME HUMAIN-ANIMAL L’animal mon ami asbl
Au Diable, les smartphones ?
Le Philosophe, berger de la démocratie
« Êtes-vous pollués par l’extrême droite ? » analyse d’une manipulation idéologique
La politique des bidules en Région bruxelloise et l’absence de vision des politiques
LA MOBILITÉ à BRUXELLES
90 millions d’Américains sont pauvres
LES PÈRES ÉLIMINÉS
Notre alimentation industrielle
Nutrition, prix bas et maladies de civilisation
Circulation
Disparitions
DICTATUREDU DROIT … de nouvelles formes d’oppression?
Les Bons Comptes de Noël
Billet F’Humeur
FRANCE NOIRE
NOS AMIS LES ANIMAUX
Drogues: au-delà de la prévention, la réduction des risques
Sociologie du suicide
Citrouilles
Elitisme
Droit et avocats
Ixelles, place Flagey
LA RESPONSABILITE MEDICALE
COHABITERONS NOUS LEGALEMENT?
ASBL ET SOCIETES VONT-ELLES S'AMENDER?
THE RON HUBBARD COMPANY
EDITO
L'ESTOMPEMENT DE L'ETAT DE DROIT
VEUILLEZ CACHER CE CORPS QUE JE NE SAURAIS VOIR
Skwatalamoutou
SQUATT STORY
Brèves
L'INCINERATION, UN CONCEPT DEPASSE?
Sans jardin fixe, Dormir dehors
Touche pas à mon zinc
Otes toi de mon pavé
 
   


haut de page

Banc Public - Mensuel indépendant - Politique-Société-environnement - etc...
137 Av. du Pont de Luttre 1190 Bruxelles - Editeur Responsable: Catherine Van Nypelseer

Home Page - Banc Public? - Articles - Dossiers - Maximes - Liens - Contact