L'INTELLIGENCE DES EXPERIMENTATEURS

Banc Public n° 257 , Mai 2017 , Catherine Van Nypelseer



Le dernier livre de l'éthologue néerlandais installé aux Etats-Unis Frans de Waal, l'auteur notamment du célèbre ouvrage destiné au grand public «La Politique du chimpanzé», nous incite à réfléchir sur l’intelligence des animaux, en présentant des expériences et des observations scientifiques visant à la mettre en évidence. L’ouvrage intitulé "Sommes-nous trop «bêtes» pour comprendre l’intelligence des animaux?" exprime également la souffrance de l'auteur pour le temps et l'énergie perdus à combattre les idées préconçues de ceux qui veulent croire que les animaux ne seraient que des machines.

 

Expériences mal conçues

 

De nombreuses expériences sont présentées, dont certaines qui ont abouti à des résultats négatifs erronés parce que leur méthodologie n'était pas adaptée à l'espèce observée. Frans de Waal rappelle également le célèbre cas d'un résultat "faux positif" avec l'affaire il y a un siècle en Allemagne du cheval Hans dit le malin, qui semblait capable de calculer car il répondait par le nombre exact de coups de sabots à des problèmes arithmétiques comme la multiplication de quatre par trois. Finalement, on réalisa que l'animal déduisait la réponse de l'attitude de son propriétaire, qui lui transmettait involontairement des indications. Fort déçu, celui-ci s'en débarrassa, ce que notre éthologue du XXIe siècle trouve injuste car selon lui l'animal avait démontré une compréhension exceptionnelle du langage du corps humain…

 

Une bonne expérience doit être adaptée à l'espèce visée. On a longtemps cru que les chimpanzés étaient mauvais en reconnaissance faciale, mais on les testait avec des visages humains ! Lorsqu'une scientifique, Lisa Parr, eut l'idée de les tester sur des photographies de chimpanzés, on s'aperçut qu'ils étaient très bons. Ils pouvaient trouver les images qui représentaient le même individu sous différents angles. Les grands singes sont même capables de retrouver les liens de parenté d'après les ressemblances entre des images d'individus qu'ils n'ont jamais rencontrés (pour éviter qu'ils ne connaissent ce lien autrement). Pour Frans de Waal, "la reconnaissance faciale des singes est en fait aussi bonne que la nôtre", et "aujourd'hui, il y a un large consensus pour la considérer comme une capacité commune, d'autant plus qu'elle engage la même partie du cerveau chez l'homme et chez les autres primates" (p. 32).

 

Utilisation d'outils

 

La conception des expériences d'utilisation d'outils doit évidemment être adaptée à la morphologie de l'espèce dont on veut tester les capacités. Il s'agit par exemple de présenter à un animal un fruit dont il raffole placé hors de sa portée, en disposant auprès de lui des bâtons lui permettant de l'atteindre, pour voir s'il a l'idée de les utiliser.

 

Parmi les singes, les gibbons étaient considérés comme des "primates attardés" car ils "échouaient lamentablement" dans ces tests. Jusqu'à ce que, dans les années 1960, un primatologue tienne compte du fait que ces animaux vivant dans les arbres ne ramassent quasiment jamais d'objets au sol et n'ont pas de pouce opposable. Une nouvelle expérience comportant des cordes à tirer pour obtenir de la nourriture, qui étaient disposées à hauteur des épaules de l'animal et plus au sol, a montré que ceux-ci étaient aussi intelligents que les autres primates.

 

Avec les éléphants, un autre problème s'était présenté qui laissait croire que cette espèce ne disposait pas de la capacité intellectuelle d'utiliser des outils. En fait, les éléphants sont capables de ramasser un bâton avec leur trompe, mais ce faisant ils se bouchent le nez et ne sentent plus le fruit censé les attirer.

 

D'autres types d'expériences avec des caisses à approcher d'un fruit suspendu pour pouvoir l'atteindre ont montré que les éléphants étaient bien capables de se servir d'un outil.

 

Continuité

 

De nombreuses considérations théoriques sont abordées, comme l'idée selon laquelle "L'hypothèse la plus simple que nous puissions faire sur les ressemblances comportementales et cognitives entre espèces apparentées est qu'elles reflètent des processus mentaux communs" (p. 340).

 

Les tentatives pour isoler des processus cognitifs qui seraient présents uniquement chez les êtres humains et pas chez les autres animaux font sans cesse progresser la connaissance des capacités des animaux. A suivre donc…

 


Catherine Van Nypelseer

     
 

Biblio, sources...

(*) SOMMES-NOUS TROP «BÊTES» POUR COMPRENDRE L’INTELLIGENCE DES ANIMAUX ?

Par Frans de Waal

Traduit de l’anglais

Éditions Les Liens qui Libèrent

Publié en décembre 2016

 

348 p. ; 24 €

 
     

     
 
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