Egypte

Banc Public n° 221 , Septembre 2013 , Frank FURET



Pour Henri Boulad, les médias occidentaux se sont scandalisés parce que l’armée égyptienne a osé déloger les Frères musulmans des deux bastions de Rabia et de Nahda, où ils s’étaient barricadés depuis plusieurs semaines, présentant ainsi les Frères musulmans comme victimes de la violence. de l’armée et de la police égyptiennes.

Cette levée de boucliers pour réclamer et proclamer le droit de tout citoyen à manifester «pacifiquement » a, pour Henri Boulad,  quelque chose de tragi-comique. Afin de resituer les évènements  dans leur contexte,  il rappelle que :

 

- La mosquée de Rabaa, où s’étaient enfermés les Frères, était une véritable poudrière, où l’on a découvert un arsenal de guerre inouï.

- Depuis des semaines, les milices des Frères, armées jusqu’aux dents, sèment la terreur dans l’ensemble de la population d’Egypte : meurtres, enlèvements, kidnappings, demande de rançons, rapt et viol de filles mariées de force à des musulmans.

- Plus d’une vingtaine de postes de police pillés et brûlés ; près d’une cinquantaine de policiers et d’officiers massacrés et torturés de la manière la plus sauvage.

- Mausolées soufis détruits et familles chiites massacrées ne soulèvent aucune émotion internationale.

- Une cinquantaine d’églises, d’écoles et d’institutions chrétiennes brûlées dans la seule journée du 14 août.

- Prêtres et chrétiens attaqués et tués – dont des enfants en bas âge - pour la seule raison qu’ils sont chrétiens.

- Près de 1.500 personnes massacrées par les milices de Morsi au cours de son année de règne. Silence des médias

- Accords secrets de Morsi pour vendre l’Egypte à ses voisins, morceau par morceau : 40% du Sinaï au Hamas et aux Palestiniens, la Nubie à Omar el-Béchir, et la portion ouest du territoire à la Libye… Tout cela est pain bénit pour l’Occident, puisque c’est son ½uvre…

Lorsque l’Egypte décide enfin de réagir pour mettre un peu d’ordre dans la baraque… l’Occident crie à la persécution, à l’injustice, au scandale.

 

Pour Boulad, ce n’est un secret pour personne que les élections présidentielles égyptiennes  ont été une vaste mascarade et que le scrutin fut entaché d’énormes fraudes. Malgré tout, les médias persistent à affirmer que Morsi a été le premier président de l’histoire d’Egypte élu «démocratiquement » et qu’il a pour lui la « légitimité ».

 

Le peuple égyptien, qui a bon dos, a quand même accepté de jouer le jeu, en se disant : voyons-les à l’½uvre. Le résultat fut tellement catastrophique – insécurité, chômage, inflation, pénuries de pain et d’essence, économie en chute libre, tourisme agonisant… - que l’ensemble de la population, au bout d’un an, demande à Morsi de dégager.

 

En moins de deux mois, le mouvement « Tamarrod » rassemble plus de 22 millions de signatures réclamant son départ. En vain ! Face à son obstination, plusieurs dizaines de millions d’Egyptiens – dont une majorité de gens du petit peuple qui étaient ses anciens partisans – déferlent dans les rues des grandes villes pour exiger son départ. Encore en vain !

 

L’armée – jusqu’alors neutre – se décide à intervenir pour soutenir le peuple et écarter l’indésirable, qu’elle garde en résidence surveillée. Au cours de longues heures d’interrogatoire, elle obtient de lui des révélations d’une gravité exceptionnelle, qui compromettent aussi bien les Frères musulmans qu’un certain nombre de pays étrangers.

 

Après l’exclusion de Morsi, l’armée a voulu quand même associer les Frères musulmans au nouveau gouvernement en leur proposant de faire équipe avec les autres tendances. Ils se sont heurtés à un refus obstiné et systématique.

Après de nombreuses tentatives infructueuses de dialogue et de négociations avec eux, un nouveau gouvernement provisoire est mis en place.

 

Ils décident alors de « prendre le maquis » et de semer la terreur, ce en quoi ils ont bien réussi. Mais cette stratégie ne fait qu’augmenter leur impopularité, et l’on peut dire aujourd’hui que le peuple égyptien les exècre et les honnit.

Equipés des armes les plus sophistiquées, ils s’organisent un peu partout pour brûler, attaquer, tuer, détruire…L’armée décrète alors l’état d’urgence et impose un couvre-feu du coucher au lever du soleil. Mais les Frères musulmans s’estiment dispensés d’obéir.

Après plusieurs sommations aux jeunes de rentrer chez eux, l’armée décide alors d’envoyer ses chars pour faire respecter le couvre-feu. Face aux dégâts probables, l’Occident bien pensant incrimine alors l’armée d’avoir eu le culot d’attaquer des manifestants « pacifiques »…


Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

Henri Boulad, Pauvres-freres-musulmans-persecutes, Enquëtes et Débats,  17 août 2013

 
     

     
 
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