Le Sahel en rupture avec la France

Banc Public n° 298 , Octobre 2023 , Jean-Françopis Goossens



Au Niger, le coup d’état des militaires du 26 juillet ne fait pas long feu. Le coup de force avait été dénoncé par la plupart des pays occidentaux et par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), qui avait exigé le rétablissement du président régulièrement élu et avait envisagé de le rétablir par la force en menant une opération militaire à Niamey.

 

Aussitôt, la Guinée, le Burkina et le Mali (tous membres suspendus de la CEDEAO), dont les dirigeants sont également issus d’un coup d’état, s’étaient opposés à toute option militaire ; allant même jusqu’à affirmer qu’en cas d’invasion du Niger, ils voleraient à son secours ! La CEDEAO qui compte 16 états (dont 4 suspendus) s’est donc divisée entre le nord emmené par les quatre suspendus et le sud emmené par le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

L’affaire en est restée là !

 

La France, qui comptait sur l’intervention militaire de la CEDEAO, avait également dénoncé le coup d’état et ordonné à son ambassadeur de ne pas participer aux réunions avec les putchistes, ce qui avait suscité le mécontentement des nouveaux dirigeants qui avaient notifié par la suite la rupture des relations diplomatiques et en conséquence le renvoi de son ambassadeur.

 

Fort imprudemment, le président français avait ordonné à son ambassadeur de rester en poste à Niamey. Aussitôt, les autorités nigériennes avaient organisé le blocage de l’ambassade dont les membres étaient réduits à manger les rations (de bonne qualité quand même) de l’armée française. Deux mois après, le nouveau pouvoir est raffermi et le gouvernement français ne peut qu’en tirer les conclusions en rappelant son ambassadeur en place et en ordonnant à son armée de quitter le Niger (1.500hommes).

 

Pour la France, c’est évidemment un échec cuisant qui la contraint à reculer en rase campagne. Le maintien d’un ambassadeur non désiré n’était surement pas un bon signal pour les pays africains qui pouvaient dénoncer une pratique néocoloniale.

 

Pour la France et pour les pays européens, ce n’est pas une réussite puisque, à l’exception du Tchad, c’est une grande partie du Sahel qui leur échappent désormais avec pour toile de fond une lutte compromise contre les djihadistes qui risquent de progresser, n’étant plus arrêtés par des armées occidentales qui étaient quand même parvenues sinon à les vaincre, du moins à les contenir.

 

Evidemment, on verra si les nouveaux pouvoirs en place pourront, avec l’aide de la milice privée Wagner, marquer des points mais cela semble difficile car la population, après sa proclamation de son ras-le-bol vis-à-vis de la France et de ses militaires, risque d’être confrontée à la négation de ses droits élémentaires par des mercenaires pour lesquels les droits de l’homme et la vie d’autrui ne sont guère des priorités. La population risque dès lors de se précipiter dans les bras des djihadistes.

 

Bref, l’histoire est loin d’être écrite d’autant que les soutiens proclamés de la Russie risquent également d’être réduits à la suite de la guerre en Ukraine.

 

L’avenir de cette région du monde, proche de l’Europe, ne manque pas d’interpeler, car les quatre pays cités occupent un territoire commun de plus cinq fois la France avec une population de près de 80 millions d’habitants qui doublera d’ici 2050 !

 

Enfin, n’oublions pas l’autre enjeu, à savoir l’émigration vers l’Europe qui ne fera que croitre sous le double effet de l’insécurité et de la démographie.

 


Jean-Françopis Goossens

     
 

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