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Les migrations internes à l'Europe

Banc Public n° 278 , Juin 2019 , Frank FURET



Alors que les flux migratoires en provenance du Moyen-Orient ou d'Afrique dominent le débat politique, un autre mouvement, intérieur à l'Union européenne fait beaucoup moins parler de lui:


 

les jeunes de l’Est et du Sud de l’Europe partent de plus en plus faire leur vie dans les pays riches du continent. On parle moins des migrations internes à l'Europe, un mouvement silencieux qui voit les jeunes diplômés des pays du Sud et de l'Est de l'Union européenne partir faire leur vie dans les pays de l'Ouest et du Nord.

 

En Hongrie, le corps enseignant a pris un coup de vieux: nombre de jeunes profs sont partis, notamment vers l'Allemagne. Sur la période 2013-2017, le pays a perdu 62.000 personnes de 20 à 34 ans dans ses échanges de population à l'intérieur de l'Union européenne. Dans le même temps, l'Allemagne en a gagné 492.000, constate une étude d’avril 2019.

 

«Ces jeunes représentent une perte pour les pays d'origine, qui ont dépensé de l'argent public pour leur éducation et leur formation. De l'autre côté, ils représentent un gain pour les pays d'accueil, où ils paient des cotisations sociales et des impôts, et comblent les pénuries du marché du travail», analyse l'Institut Bruegel.

 

Les perdants de cette hémorragie se trouvent d'abord à l'Est. Les anciens pays communistes, dont les économies ont durement souffert à cause des changements de systèmes, ont vu leur jeunesse partir à l'Ouest dès la chute du mur de Berlin. Depuis, la saignée ne s'est plus arrêtée.

 

Les pays du Sud sont les autres perdants de ce phénomène. L'éclatement en 2010 de la crise de l'euro a marqué une rupture pour ces pays qui, depuis leur entrée dans l'Europe, étaient parvenus à inverser les flux migratoires. L'Espagne a ainsi perdu 136.000 jeunes de 2013 à 2017. En Grèce, le solde migratoire total a été négatif de 183.000 jeunes sur la période.

 

Les gagnants de cette autre migration, ce sont les pays riches du Nord de l'Union européenne. L'Allemagne, mais aussi le Benelux, la Suède ou encore l'Autriche – ce pays accueille plus de 360.000 citoyens d'Europe centrale, pour une population inférieure à neuf millions d'habitants.

 

Tous ces États ont également en commun d'avoir une balance des paiements positive. En clair, ils gagnent sur tous les tableaux – humain et financier.

 

Le Royaume-Uni, comme toujours, occupe une place particulière. Il a ouvert son marché du travail dès le premier jour de l'élargissement, le 1er mai 2004, et était alors le seul pays à le faire avec l'Irlande et la Suède, quand la France a maintenu des restrictions jusqu'en 2008. Avec l'Allemagne, il est aujourd'hui le premier bénéficiaire des migrations venues de l'Est: 1,74 million de personnes issues d'Europe centrale vivent au Royaume-Uni, dont 930.000 venues de Pologne.

Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

"Et si l'on parlait pour une fois des migrations internes à l'Europe?", Francis BROCHET et TELOS, Slate, 5 juin 2019

 
     

     
   
   


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