Fêter les pères, 1

Banc Public n° 181 , Juin 2009 , Kerim Maamer



La « fête des pères » est l’occasion pour des groupements de « parents divorcés » de manifester leur mécontentement sur la place publique. L’exercice de la paternité serait en difficulté, particulièrement en situation de divorce ou de séparation conflictuelle. Des mouvements spontanés de la société civile, s’expriment, de manière plus ou moins virulente, dans de nombreux pays. Ils évoquent les difficultés familiales. Ils veulent faire entendre les douleurs du déchirement social, de ses conséquences sur les enfants et sur la collectivité.

ACTIONS INTERNATIONALES

En Angleterre, les Fathers for Justice (F4J) ont fait le choix de l’action spectaculaire.

Pour appeler l’intérêt des médias, des coups d’éclat, non violents, sont organisés dans des lieux sécurisés, de la Chambre des communes ou du Palais de Westminster. Des militants ont aspergé le premier ministre anglais d’une poudre mauve ; se sont présentés sur le balcon de la reine, déguisé en Batman afin d’incarner ce héros aux yeux du fils. Les F4J ont fait école. Des actions similaires ont été organisées au Canada, en Australie, Pays-Bas, de Spiderman - Batman et Robin  escaladant les murs des édifices publics et des ponts  afin de perturber la civilité routinière ou la circulation routière.

D’autres coups d’éclats, inspirés des F4J, n’en portent pas la signature. Des actions, plus ou moins individuelles, d’un papa dénudé se ruant sur un terrain de football en Espagne, afin de perturber le match. Il voulait montrer aux spectateurs son état de père dépouillé. D’autres ont déballé une banderole de soutien au footballeur Thierry Henry qui justifiait le manque de réussite footbalistique, à ses difficultés de rencontrer sa fille.

Au Canada le mouvement des pères s’est identifié au « masculinisme ».

Guy Corneau avait éveillé la différence de sensibilité masculine. Dans ce sillage, de nombreux auteurs (Pageau – Claes – Boucher - Dallaire – Ferrant) ont clamé leur masculinité décomplexée, particulièrement dans le contexte de la paternité. Interpellé sur ce sujet, le gouvernement de Québec sollicita une étude sur la « situation des hommes, leurs besoins et leurs difficultés ». Le rapport Rondeau laissa quelques recommandations sur les questions de santé et d’aide sociale. Lorsque le gouvernement envisagea de les mettre en application, le mouvement féministe se raidit et fit bloc. Les associations féministes canadiennes se mobilisèrent, s’unifièrent pour contester la légitimité scientifique de ce rapport, et d’affirmer le danger pour leurs acquis. Elles y voyaient un retour au patriarcat, avec ses conséquences sur la condition féminine et l’égalité des genres. Le paradoxe est qu’au moment où le mouvement des Hommes se fait entendre, que le féminisme en perte de vitesse prit vigueur.
Les moyens paraissent très inégaux. Le mouvement féministe bénéficie d’un réseau d’associations structurées et subsidiées. Le Canada a la particularité du soutien public d’un Ministère chargé de la condition féminine ! Tandis que les « masculinistes » représentent des forces individuelles, bénévoles, de personnes en crise. Les budgets publics sont consacrés dans un premier temps à étudier, sinon contredire, les thèses des « masculinistes ». Le débat est déplacé sur la confrontation des genres, camouflant de ce fait, les évolutions juridiques en matière familiale. Le féminisme canadien sort renforcé de l’épreuve de confrontation. Et ce n’est plus la vigilance à l’égard des acquis à protéger mais la virulence pour gagner les « trésors publics ». Une vaste campagne sur le « martyr des femmes » est développée pour conquérir les butins publics à travers le monde. Cette stratégie rapportera le plus gros gain financier. 

Ce pouvoir social, occulte, a développé une stratégie de conquête, qui utilise les méthodes du marketing, pour crier à la souffrance des femmes, de tout temps « violées » « exploitées » « infantilisées ».  La violence conjugale serait devenue le crime des plus abject. Les associations féministes apportent leur concours car elles trouvent intérêt et justification à collaborer dans le sens de la victimisation des femmes. Des statistiques imagées et infondées sont relayées par des autorités publiques, des organisations internationales, des intellectuels ou artistes de bonne foi. Professionnels, intellectuels et artistes relaient ce discours victimaire au travers des média, de livres, de documentaires. Or, sous l’intention de protéger les femmes, les hommes sont suspectés et accusés. Cette campagne stigmatise la relation homme/femme.

Au moment, où se pose un doute sur la vérité de cette campagne, que les recettes des associations féminines furent les plus élevées ! Ce sexisme fait école dans les pays européens. Toute plainte à l’égard du système judiciaire devient une mise en garde contre le « masculinisme ». Dès que les associations se préoccupent des difficultés familiales, elles sont désignées de ce vocable dont elles en ignorent le sens.

En France, l’Etat a proposé sa collaboration pour préserver l’intérêt de l’enfant et entendre le point de vue des pères

La Fondation pour l’enfance fut une initiative de Mme Giscard d’Estaing, épouse du président de la république. Elle mit en place une association d’utilité publique chargée de protéger l’enfant du divorce. Cette bonne intention n’a pas conquis la confiance des pères. Il manquait le volet judiciaire des divorces/séparations pour lequel les pères étaient défavorisés. La Fondation opta pour une approche de l’enfant victime, dans son environnement social et familial. Inévitablement le contexte de protection de la relation mère enfant s’imposait. Les principaux dossiers protectionnels concernaient des faits « d’inceste », « pédophilie », « violence familiale/conjugale » « rapts parentaux »… Les hommes se sentaient indirectement désignés.

SOS Papa - France eut un meilleur succès auprès des pères. Cette initiative de la société civile tenta de gagner la collaboration de l’Etat, en vue de préserver le lien père-enfant et défendre le point de vue du père. Reconnue en tant qu’association de victimes, elle participe - collabore - contribue aux travaux gouvernementaux sur les questions relatives à la famille. L’association est « marrainé » d’une dame de renom… comme s’il y ‘avait un besoin de se laver du pêcher de discrimination. L’association défend les pères, dans le sens du parentalité égale. SOS-Papa a fait école dans les autres pays européens. Des associations « quasi-clandestines » utilisent ce Label et l’exploitent  surtout comme un cri.

Les initiatives individuelles

Il y ‘a les agissements de violence, développés pas l’actualité de chaque semaine, que nous n’évoquerons pas.

Il y a les initiatives positives, de groupements, d’associations de fait, qui s’organisent et travaillent selon leurs objectifs : pour établir site, écrire un livre, réaliser un disque, enregistrer une musique … Ainsi, un jeune rap de banlieue réalise un clip sur « moslem aux parents divorcés » sur youtube;un groupe de Marseille choisi d’en rire avec le site  « mafemmesebarre.com ». Le chanteur CALI qui donné un soutien au mouvement des pères, comme Bob Geldof l’avait fait dans le monde anglo-saxon. Il sponsorise le site « Les-papa-les-mamans ». Un ingénieur d’Aix-en Provence qui établit un guide de dérision sur la méthodologie « d’aliénation de votre enfant ». Ces initiatives sont rafraîchissantes et montrent combien que le mouvement des pères traverse toute la société.

Dans tous les autre pays européens se développent des associations qui revendiquent les difficultés de paternité

A l’exception de Malte où le divorce y est proscrit. Quelles sont les difficultés des pères maltais ? Comment les gèrent-ils? Et de la Suède où il existe des associations des pères au foyer. Tandis que le mouvement revendicatif semble moins actif, en raison de l’égalité des droits en matière familiale. Les statistiques démographiques étonnantes méritent une analyse. 

En Italie, « Figli Negati» participe aux manifestations publiques, et célèbre la Daddy’s Pride avec le Marathon de Rome. En Suisse, le « mouvement de la condition paternelle » organise la marche des pères. Tandis que le blog des « Hommes libres » développe d’intéressantes analyses sur la condition familiale et le droit des pères. En Tchéquie, au Portugal, des groupuscules manifestent leurs difficultés. Les Pays-Bas sont des militants européens très actifs.

La situation des pères dans les autres pays

En Israël, un parti politique réclame ouvertement le retour au patriarcat.  Des tentatives de revendication s’organisent à la Réunion, en Tunisie, Brésil, Pérou. Les divorces explosent en Algérie. La rigueur religieuse pousse les jeunes au mariage alors qu’ils n’ont pas les moyens d’assumer les responsabilités de la vie familiale. Le mariage/divorce au Maroc se fait avec une facilité, étonnante avec l’Islam qui s’y pratique. Les mécontentements sont réels, même d’Arabie Saoudite, où une correspondance de plainte d’un homme en rupture avec ses enfants, qui critique les manipulations mentales sur les enfants.


Kerim Maamer

     
 

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