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Banc Public n° 79 , Avril 1999 , Catherine VAN NYPELSEER



Les femmes forment plus de la moitié du corps électoral, mais représentent un pourcentage extrêmement faible des élus. La loi (Tobback) imposant un tiers de personnes de sexe opposé sur chaque liste pourrait paraître terriblement progressiste en comparaison avec leur présence actuelle aux nombreux Parlements que comporte notre structure institutionnelle. Outre le fait que des constitutionnalistes non-élus comme Marc Uyttendaele consacrent dans leurs cours universitaires un temps certain à démontrer combien cette petite contrainte pourrait être injuste vis-à-vis du pauvre type très valable qui serait privé du droit de se présenter à cause de son sexe, il s’agit d’une mesure cosmétique quasiment sans importance puisque rien n’impose la moindre femme à une quelconque place éligible sur les dites listes.

Or, le rôle dévolutif de la case de tête, tel qu’il sera encore appliqué aux prochaines élections sans aucune modification (malgré tout l’air que le PRL principalement avait remué dans les médias avant d’entrer en phase pré-électorale), rend extrêment difficile une modification de l’ordre de classement des candidats décidé par les partis politiques. Il n’est donc pas possible d’obtenir que plus de femmes soient élues par le biais des votes de préférence. De plus, une relative incertitude règne actuellement quant aux résultats de la “consultation populaire” du 13 juin prochain, et la crainte d’une montée de partis non “traditionnels” a généré un mouvement de panique parmi les mâles souhaitant poursuivre leur carrière politique, qui entraînera vraisemblablement au mieux un statu-quo dans la proportion de femmes dans les organes législatifs futurs.

C’est extrêmement dommage, parce que le sentiment de révolte qui avait éclaté face à la mauvaise gestion de notre pays provenait notamment des femmes, moins souvent déconnectées de la réalité au point de ne penser qu’en termes statistiques (combien de Julie et Mélissa par an en Belgique, comparé à la moyenne européenne?), et beaucoup moins présentes dans les diverses hiérarchies où l’on vous “élève” en fonction de votre propension à défendre le système.

Louis Michel, le président du parti libéral, a peut-être réussi un “coup” électoral en embauchant Frédérique Ries, une ex-présentatrice du JT de RTL vue souvent à la télé, qui n’a pas le coeur de venir perdre son temps aux réunions si son enfant est malade, mais pour le reste il est tellement convaincu des vertus de la démocratie “représentative” qu’il a proposé d’ajouter des personnalités non-élues mais cooptées au Parlement, citant d’ailleurs des “experts” tous mâles et très médiatisés, comme si le système actuel ne lui permettait pas de disposer de suffisament de presse-boutons suffisamment bornés pour se satisfaire de l’inaction au sein de notre système partisan.

Comment les femmes actives qui voudraient faire évoluer la politique notamment en étant mieux représentées dans les organes législatifs pourront-elles faire entendre leur voix aux prochaines élections? Les listes ne sont pas encore officiellement clôturées, et l’un ou l’autre parti plus fûté que les autres pourrait se rendre compte in extremis qu’il vaudrait mieux pour son score électoral admettre quelques femmes au top niveau.

Sinon, il ne reste que la solution de ne voter que pour les partis présentant des femmes tête de liste, un signal plus constructif que de s’abstenir de remplir son devoir électoral ou de voter sottement pour des partis fascistes, dont la “théorie” révolutionnaire pour résoudre les problèmes de chômage et de criminalité se ramène à nous renvoyer de force à nos foyers...



Catherine VAN NYPELSEER

     
 

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