BREVES: L’Office de l’Emploi is watching you

Banc Public n° 56 , Janvier 1997 , Isa LAFLEAU



Un reportage récemment paru dans Humo 1 relatait les ennuis subis par une chômeuse parce qu’elle se rendait toutes les semaines chez sa mère malade pour l’aider aux travaux de ménage. Un jour, elle se fait aborder par des inspecteurs de l’Onem qui lui demandent rudement où elle va chaque mercredi. Croyez-le ou non, elle avait été suivie des semaines durant par des fonctionnaires dûment mandatés pour lutter contre le travail au noir (encore un «petit boulot» qui a de belles heures devant lui). Cela s’est passé en Flandre, et cela nous pend au nez à nous aussi.

Comme elle répond qu’elle aide sa mère, on l’attaque pour travail non-déclaré, crime qui peut coûter très cher. Elle aurait dû demander à tout le moins une autorisation de travail bénévole, autorisation qu’il faut plusieurs mois pour obtenir, si on l’obtient. En outre, comme le faisait remarquer une fonctionnaire de l’Onem également interviewée, qu’est-ce qui prouve qu’elle ne reçoit pas d’argent pour son travail?
Qu’est-ce qui prouve que Di Rupo n’est pas un pédophile, ou vous-même un des tueurs du Brabant? La présomption d’innocence ne vaut guère plus pour l’Onem que le droit à la vie privée. On peut vous suivre à votre insu, et vous êtes obligée sous peine de suspension d’allocations de répondre à toutes les questions qu’on vous posera, y compris, c’est arrivé, les nom et adresse de votre petit ami, et «s’il vous donne de l’argent» ...
Il est remarquable que l’Onem semble avoir commencé à s’intéresser à la femme dont je parle à cause du fait qu’elle travaillait parfois bénévolement dans un hôpital, ce pour quoi elle avait d’ailleurs toutes les autorisations nécessaires, mais le dévouement, la générosité ou le désir de travailler sont des qualités suspectes, comme tout ce qui peut contribuer à vous sortir du lot. Mieux vaut se fondre dans la masse si on veut éviter les problèmes, et surtout... ne rien faire!
En attendant, la mère de cette femme est toujours malade, et un représentant de la FGTB interrogé lui conseille vivement de ne plus retourner la voir sans autorisation si elle ne veut pas être exclue du chômage, car elle a la loi contre elle.
Conclusion du journaliste de Humo : pour laisser tomber vos vieux parents ou les fourrer dans un home, il ne faut aucune autorisation particulière.


Dans votre lit !


Les chômeurs parqués pendant des heures dans l’escalier de la FGTB dans l’attente de signer l’un ou l’autre formulaire peuvent y admirer actuellement un charmant échantillon de poésie sauvage. Pour empêcher les chômeurs de rendre trop tôt leur carte de pointage, on a apposé devant la boîte destinée à cet effet les deux affichettes suivantes :
«L’Onem peut vous contrôler jusqu’au dernier jour du mois, minuit!!!»
«Gardez votre carte de pointage jusqu’au lendemain !!!»
Quelqu’un les a améliorées avec une pointe bic, ce qui donne :
«L’Onem peut vous contrôler jusqu’au dernier jour du mois, minuit !!! dans votre lit !
Gardez votre carte de pointage jusqu’au lendemain !!! dans votre bain »

Dans votre bain !


Soit dit en passant, c’est bien évidemment un détail, mais encore faut-il que vous ayez un bain à votre disposition, ce qui, pour un chômeur, n’est pas sans danger. Si l’Onem vous surprend dans votre bain, et que votre salle de bains est à l’entresol, et que par nécessité vous la partagez avec un autre locataire, cela peut vous coûter cher... Il semble en effet que l’Onem considère à présent les personnes partageant une salle de bains comme cohabitantes2, ce qui peut ramener vos allocations de chômage d’un peu plus de 16.000 F (le minimum pour un isolé) à un peu plus de 9.000 F, sans compter le risque de pénalisation et de suspension d’allocations pour avoir éventuellement rempli une déclaration "mensongère". Alors que vous ne pouvez réaliser aucune économie sur les frais du ménage en partageant votre salle de bains avec un autre - sauf si vous vous baignez dans la même eau... Berk !


Isa LAFLEAU

     
 

Biblio, sources...


(1) Humo , 17 décembre 1996.
(2) Information tirée de La santé et les jours, le bulletin des mutualités socialistes

 
     

     
 
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