LE VELO-ANTIDOTE

Banc Public n° 49 , Avril 1996 , Serge KATZ



Le plus souvent, on cite la bicyclette comme un moyen de transport alternatif qui peut résoudre de nombreux problèmes nés avec la civilisation moderne. Fait de société, la vague écologiste donne sans doute une place à ce véhicule au sein de son programme global. Mais on n’avait encore jamais vu un parti politique dont le programme s’établisse exclusivement sur l’utilisation du vélo.
V.E.L.O., tel est en effet le nom d’une liste déposée lors des dernières élections communales à Ostende par Éric Gijselbrecht et ses acolytes. Ce monsieur, bien qu’allochtone à la station balnéaire, en est pourtant rapidement devenu l’une des figures emblématiques, marginale peut-être, en tout cas folklorique, bien que lui-même rejette ce dernier qualificatif. VELO a quand même obtenu plus de 300 voix, ce qui n’est pas si mal pour un débutant.

 

B.P.: Vous n’êtes donc pas folklorique?
E.G. : Pas du tout. Ni mes colistiers ni moi-même n’avons à voir avec le folklore de la ville. D’ailleurs je ne suis même pas d’ici. On voulait seulement faire une tentative régionale, mais le moyen, le vélo, on le voulait universel.
B.P.: Vous n’êtes pas écologiste non plus?
E.G.: Non, non, non. Pour les Écolos, le vélo c’est simplement un moyen parmi d’autres, qui fait partie d’un projet global. Pour nous c’est LA solution, et pas seulement pour des problèmes d’environnement. Cela ne nous empêche pas de participer à des manifestations communes. Vous savez, ici, en Flandre, le vélo est entré dans les moeurs.
B.P. : Et comment le vélo va-t-il tout résoudre?
E.G.: Vous savez, ici comme ailleurs, on est confronté à l’augmentation rapide du nombre d’automobiles. Cela pose d’autant plus de problème que l’on est en pleine crise et que la voiture est à la fois devenue un symbole et un luxe. Surtout quand elle nuit. Alors ça fait enrager les autres. En voiture on perd du fric et on perd son calme. Bref, on est dangereux. On n’a jamais vu un cycliste en tuer un autre pour un problème de priorité. Ni même tuer un piéton. De plus, rouler à vélo défoule alors que l’automobiliste commence à se défouler quand il éteint son moteur. Alors vous comprenez que, puisque les emplois manquent, il faut bien que les gens se défoulent avec autre chose, sinon c’est dangereux. Vous savez, moi je pense aux filles, et tout ça. En plus, j’ai toujours trouvé qu’un vélo avait quelque chose d’érotique. C’est un objet pratique, que l’on peut emmener partout avec soi. Ce n’est pas cher. On peut le prendre par les cornes, etc... Vous me comprenez?
B.P. : Parfaitement. Puis-je vous demander quel est votre métier?
E.G.: Là, pour l’instant, je ne travaille plus. Alors je répare et revends les vélos que les gens abandonnent pour s’acheter une voiture.

 


Serge KATZ

     
 

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