Collapsologie

Banc Public n° 242 , Novembre 2015 , Frank FURET



Dans leur livre «Comment tout peut s’effondrer», Pablo Servigne et Raphaël Stevens cherchent à décrire la dynamique fondamentale des sociétés contemporaines: selon eux, nous connaîtrons vraisemblablement  de notre vivant des transformations radicales, et sans doute peu agréables  de notre mode de vie.

 

L’approche minimalement responsable consiste à imaginer toutes les solutions possibles pour échapper au futur catastrophique présupposé. L’idée est d’imaginer une transition harmonieuse vers un futur où le climat n’a pas trop changé, et où les humains consomment les ressources de manière réfléchie et équilibrée. En réalité, estiment Pablo Servigne et Raphaël Stevens, personne ne sait de combien temps on dispose avant que, à situation constante, des crises dramatiques n’adviennent, sans parler du fait que tous les pays ne seront pas affectés de la même façon et en même temps. Mais, selon eux, il est déjà trop tard pour infléchir les processus planétaires déchaînés par la consommation massive de pétrole et de charbon; la température va de toute façon augmenter fortement. Leur hypothèse fondamentale est qu’il y a trop de crises différentes et gravissimes qui couvent en ce moment pour que les humains puissent sereinement organiser une transition harmonieuse. La transition sera douloureuse. Les humains ont franchi trop de limites dans l’exploitation et la destruction de leur environnement pour que l’on puisse ajuster la trajectoire. Pour eux, nous allons tout droit vers l’effondrement, donc autant oublier les solutions constructives et se mettre tout de suite à y réfléchir.

 

Les auteurs essayent d’imaginer une alternative à l’aveuglement technolâtre comme au catastrophisme survivaliste. Pour Servigne et Stevens, l’effondrement est l’occasion d’une renaissance, d’une sortie d’un mode de vie qu'ils estiment  de toute façon condamné et condamnable.

 

L’économie et la population croissent de manière exponentielle, mais la plupart des ressources sur la Terre sont en quantité finie, que ce soient les stocks (de pétrole, de métaux, de minerais, etc.) ou les flux (l’eau douce, les forêts, les poissons dans les océans, etc.). Le pétrole est la ressource la plus importante pour la civilisation moderne, et on arrive au moment où l’énergie nécessaire pour extraire les ressources excède l’énergie recueillie (c’est le problème des gaz de schiste). Le « peak oil » signifie qu’à terme le pétrole va devenir cher. Comme l’intégralité de notre civilisation repose sur l’énergie abondante et pas chère (pour la production de nourriture, l’approvisionnement des supermarchés et le chauffage), cela signifie a minima que nous allons tous être plus pauvres, et certainement plus inégaux.

 

Pour les deux auteurs, il n’y a rien à attendre du nucléaire et des énergies renouvelables, qui reposent sur des technologies complexes requérant des quantités importantes de pétrole et des matériaux eux-mêmes en quantité finie. L’extraction du pétrole reposant sur des investissements massifs, on peut s’attendre à ce que la crise du pétrole entraîne une nouvelle crise financière majeure.

 

De toutes façons, écrivent les auteurs, entre le réchauffement climatique (+4°C sur l’ensemble du globe, cela signifie +8 -10°C sur les continents), le déclin de la biodiversité (la sixième extinction), l’acidification des océans et la disparition des poissons, la pollution chimique et bien d’autres, l’humanité ne saurait échapper à une combinaison de crises de différentes natures qui devrait précipiter l’effondrement de notre civilisation. Et  compte tenu des lois de la physique et de la biologie, il n’existe aucune source d’énergie qui soit renouvelable et qui puisse remplacer le pétrole. Quant à ceux qui pensent que les humains peuvent échapper à l’effondrement grâce à la mobilisation en faveur de politiques environnementales, sociales et économiques soutenables, les auteurs ne croient pas une seconde que cela soit possible.

 

Depuis le rapport du club de Rome, qui date de près de quarante ans, on sait, rappellent les auteurs, que la dynamique actuelle est insoutenable et mortifère ; et le fait est que les humains, dans leur grande majorité, aspirent à un mode de vie qui détruit la planète. Il n’y a qu’à voir avec quelle véhémence sont combattues les tentatives de mener des politiques environnementales,  par les intérêts financiers et industriels, mais aussi par les populations  qui vivent trop pauvrement pour pouvoir entendre un discours qui leur promet encore plus de pauvreté.

 

Dans la dernière partie du livre, les auteurs manifestent de l'intérêt pour David Holmgren, le créateur du concept de permaculture, qui dit aujourd’hui souhaiter un effondrement rapide et radical, de manière à sauver ce qui peut encore l’être de la planète.


Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

 

"Introduction à la collapsologie", François Bonnet , idées.fr,  2/11/2015

 

"Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes", Pablo Servigne et Raphaël Stevens,  Le Seuil, «Anthropocène», 2015

 
     

     
 
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